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ÉCONOMIE ET ​​GESTION.

COMMENT LA DISTANCE À PARCOURS POUR ALLER AU TRAVAIL AFFECTE-T-ELLE LA DIFFÉRENCE DE SALAIRE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES ?

21 juillet 2023

Chercheur responsable : Bruno Benevit

Titre original : Différences entre les sexes dans la recherche d'emploi : échanger les déplacements domicile-travail contre le salaire

Auteurs : Thomas Le Barbanchon, Roland Rathelot et Alexandra Roulet

Lieu d'intervention : France, États-Unis

Taille de l'échantillon : 300 000 travailleurs

Secteur : Marché du travail

Variable d'intérêt principal : Salaire, Distance du travail

Type d'intervention : Différence entre les hommes et les femmes

Méthodologie : OLS, IPW et Logit

Résumé

L’écart salarial entre les sexes est communément associé au « malus de maternité ». Cependant, plusieurs autres facteurs liés aux préférences individuelles peuvent potentiellement expliquer une partie de cette différence. L’objectif de cet article était d’identifier dans quelle mesure les différences entre les sexes dans la volonté de se déplacer pour travailler expliquent la différence de salaire entre hommes et femmes. En adoptant plusieurs stratégies empiriques, les auteurs ont démontré que les femmes choisissent des emplois comportant moins de déplacements domicile-travail, quels que soient la composition familiale, l'âge ou le lieu. Ce résultat est induit par les travailleurs eux-mêmes et explique une part considérable de la différence de salaire entre les sexes.

  1. Problème de politique

Les études liées à la différence de salaire entre les hommes et les femmes ont cherché à identifier les canaux possibles expliquant ce phénomène. Si certaines études se concentrent sur des aspects liés à l'hétérogénéité des préférences entre les sexes, comme la flexibilité du temps apporté par le travail (Mas et Pallais, 2017), d'autres évaluent l'impact de la maternité sur le salaire des femmes et leur carrière (Adda, Dustmann et Stevens, 2017). ).

En ce sens, d’autres aspects peuvent être associés à cette différence, notamment ceux liés aux préférences. Par conséquent, les différences dans la volonté de se déplacer pour se rendre au travail peuvent être associées à une hétérogénéité des préférences entre les hommes et les femmes. Cependant, il est difficile d’identifier le déplacement moyen sur le marché du travail car les ensembles de données standard ne mesurent pas tous les attributs pertinents de l’emploi et la productivité des travailleurs, ce qui peut confondre l’effet sur les salaires de l’attribut d’intérêt.

  • Contexte de mise en œuvre et d’évaluation

Bien que les écarts entre les sexes dans les déplacements domicile-travail se soient réduits au fil du temps de la même manière que les écarts de rémunération entre les sexes, d'importants écarts entre les sexes existent toujours même après ajustement en fonction de l'expérience des travailleurs, de leur profession, de leur secteur d'activité et de leur statut à temps partiel. Dans les pays de l’OCDE, les femmes consacrent en moyenne 22 minutes par jour aux déplacements, contre 33 minutes pour les hommes. En France, après prise en compte des caractéristiques observables des travailleurs, l'écart entre les déplacements domicile-travail des femmes et des hommes s'élève encore à -10 % à -15 %.

Compte tenu de la différence flagrante de comportement entre les individus, l’article vérifie comment la différence de volonté de se rendre au travail entre les hommes et les femmes peut être liée à leur différence de salaire.

  • Détails de la politique/du programme

L'article utilise les données du registre du travail français des chômeurs, où les demandeurs d'emploi français doivent se déclarer au Service public de l'emploi (SPE). Lors de leur inscription au chômage, les personnes sont interrogées sur le type d'emploi qu'elles recherchent, leur salaire de réserve et le montant maximum acceptable pour le trajet. La profession préférée peut être différente de la profession précédente. En réponse à la question sur le salaire d'acceptation : « Quel est le salaire minimum brut que vous acceptez pour travailler ? », le travailleur définit une valeur et choisit une unité de référence (horaire, mensuelle ou annuelle). Les gens sont ensuite interrogés sur la durée maximale acceptable d'un trajet ou d'un trajet sur réservation : "Quelle durée de trajet quotidien (dans un sens) accepteriez-vous ?" Les demandeurs d'emploi peuvent répondre en quelques minutes ou en kilomètres. Ils ne peuvent pas passer à la page suivante du site d'inscription sans fournir ces informations. Avant de répondre aux questions sur la profession souhaitée, le salaire de réservation et le trajet maximum, les candidats indiquent s'ils sont prêts à accepter un contrat temporaire ou un emploi à temps partiel.

Toutes ces informations permettent aux agents du service public de l'emploi de sélectionner les postes vacants qui seront proposés aux demandeurs d'emploi. Les travailleurs sont incités à déclarer sincèrement leurs préférences dans la mesure où leurs déclarations sont pertinentes pour les services de recherche d’emploi fournis par le SPE (Le Barbanchon, Rathelot et Roulet, 2020). Compte tenu du coût de la recherche d'emploi auquel le travailleur est confronté, la théorie économique suggère que la meilleure réponse du demandeur d'emploi au SPE est d'indiquer correctement le salaire le plus bas qu'il serait prêt à accepter (salaire de réserve) et les autres conditions d'emploi. pertinent pour votre acceptation. De telles données permettent de combiner les avantages en termes d’incitations des expérimentations de terrain (Mas et Pallais, 2017) avec le large échantillon et la validité externe des données administratives.

  • Méthode

L'échantillon utilisé a été construit à partir des informations sur les dossiers de chômage du fichier historique (FH) du service public de l'emploi ( Pôle Emploi ), tandis que les données sur les périodes d'emploi ont été obtenues à partir des Déclarations Aadministratives de Données Sociales (DADS ), du ministère français Institut de statistique (Insee). L'échantillon comprend les bénéficiaires de l'assurance chômage dont la période de chômage a débuté entre 2006 et 2012. L'échantillon est limité aux personnes devenues involontairement au chômage, tant pour des contrats permanents que temporaires/déterminés. La période d'analyse couvre l'historique d'emploi de 2004 à 2012, en observant la période avant et après le chômage. L'échantillon principal comprenait environ 320 000 observations de périodes de chômage.

La première analyse de l'étude a présenté deux séries de régressions. Le premier ensemble présente les régressions faisant référence au salaire et au déplacement vers un travail de réserve, en contrôlant les caractéristiques du travailleur et ses préférences. La deuxième série présente des régressions concernant le salaire et la distance du travail après le chômage.

La deuxième analyse de l'article a vérifié les facteurs possibles qui provoquent l'hétérogénéité des différences entre les hommes et les femmes. Premièrement, on a vérifié comment la structure familiale provoque une hétérogénéité des préférences liées aux variables d'intérêt, en divisant les travailleurs en célibataires sans enfants, mariés sans enfants, célibataires avec enfants et mariés avec enfants. Deuxièmement, il a été observé comment l’âge des travailleurs affecte la différence entre les sexes. Enfin, une hétérogénéité a été vérifiée entre la région parisienne et les autres régions de France, compte tenu des différences de proportion d'utilisation des transports en commun pour travailler entre les régions (43 % à Paris et 7 % dans le reste du pays).

La troisième analyse de l'article a effectué les mêmes régressions pour les variables d'intérêt du salaire et du déplacement vers un emploi réservé en utilisant les données des travailleurs aux États-Unis provenant de l'échantillon de recherche de Krueger et Mueller (2016).

La quatrième analyse a effectué un modèle de pondération de probabilité inverse (IPW) pour identifier la relation d'élasticité entre les déplacements domicile-travail et le salaire de réserve. La cinquième analyse utilise les résultats de l’analyse précédente comme un outil pour évaluer la manière dont les hommes et les femmes valorisent les déplacements domicile-travail, en utilisant la différence de cette évaluation comme un « choc » et en vérifiant dans quelle mesure les différences de salaire et de déplacement domicile-travail s’expliquent par cela. différence de valorisation. Les deux analyses ont été séparées selon le sexe et la structure familiale

Enfin, l’article présente deux exercices de robustesse. Le premier exercice applique un modèle logit conditionnel pour étudier l'effet de la distance de trajet entre le lieu de travail du poste vacant et le domicile du travailleur sur la probabilité du travailleur de postuler à des postes vacants. Le deuxième exercice vérifie si la différence entre les sexes dans la distance parcourue pour se rendre au travail s'explique par un biais de la part des employeurs lors de l'embauche.

  • Principaux résultats

Les résultats des premières analyses suggèrent que les femmes au chômage disposent d'un salaire de réserve pour un travail à temps plein inférieur de 4 % à celui des hommes. De plus, la différence entre les sexes en ce qui concerne la distance maximale acceptable pour les déplacements est de 14 %. En observant les effets selon la composition familiale, la différence est de 8% pour les célibataires et de 24% pour les personnes mariées avec enfants. Les différences dans les salaires de réserve et le passage au travail de réserve impliquent des salaires plus faibles pour les femmes.

Concernant les effets hétérogènes, conditionnés à la localisation des travailleurs, il a été identifié que l'écart entre les travailleurs résidant en région parisienne est plus faible que dans le reste de la France, traduisant une plus grande sensibilité des femmes quant à l'accès aux transports en commun. Les résultats des effets hétérogènes conditionnés par l'âge suggèrent que les différences de salaires et de déplacement vers le travail de réserve entre hommes et femmes augmentent progressivement jusqu'à la tranche d'âge de 40 ans.

En ce qui concerne la disposition à payer pour un trajet plus court jusqu'au travail, il a été constaté que les femmes valorisent davantage cette caractéristique au travail que les hommes, avec une différence de 18,2 %. La valeur du temps de trajet correspond à 80 % du salaire horaire brut pour les hommes et 98 % pour les femmes. En se basant sur la différence de volonté de payer et en gardant constants tous les paramètres du modèle, les auteurs ont constaté que les différences entre les sexes dans l’évaluation du déplacement expliquent 14 % de la différence entre les sexes dans les salaires résiduels, une valeur similaire à celles identifiées dans d’autres études évaluant l’évaluation du déplacement. attributs dans les offres d’emploi.

Les résultats des analyses de robustesse corroborent les résultats trouvés dans les analyses précédentes. Le modèle logit révèle une différence significative entre les sexes dans la valorisation des déplacements domicile-travail, de l'ordre de 14 à 23 %. Par ailleurs, les régressions portant sur la demande de travail démontrent que le taux d'embauche diminue avec la distance parcourue par le candidat pour se rendre au poste vacant, mais aucune différence n'a été identifiée entre les sexes. Ces résultats indiquent que les différences entre les hommes et les femmes concernant les déplacements domicile-travail sont liées aux préférences des travailleurs et non des employeurs.

  • Leçons de politique publique

Dans cet article, les auteurs ont mené plusieurs approches empiriques pour identifier comment les différences dans les salaires d’acceptation et la distance de déplacement maximale acceptable entre les hommes et les femmes expliquent l’écart salarial entre les sexes. Les résultats indiquent que les femmes ont des salaires de réservation inférieurs et des distances de déplacement maximales acceptables, quels que soient la composition familiale, l'âge et l'emplacement des travailleurs. De plus, les auteurs ont présenté des preuves démontrant que ces résultats découlent de l’offre de main-d’œuvre.

Les données présentées dans cet article aident à identifier les facteurs liés à l’écart salarial entre les hommes et les femmes, fournissant ainsi aux décideurs publics des informations utiles pour atténuer ce phénomène. Les auteurs soulignent que, étant donné la plus grande appréciation de l'aspect déplacement domicile-travail par les femmes, la consolidation du travail à distance et la mise en place de politiques publiques d'urbanisme réduisant les déplacements domicile-travail ont le potentiel de faire une différence salariale.

Références

ADDA, J. ; DUSTMANN, C. ; STEVENS, K. ​​​​Les coûts de carrière des enfants. Journal d'économie politique , vol. 125, non. 2, p. 293-337, avr. 2017.

KRUEGER, AB; MUELLER, AI Une contribution aux empiriques des salaires de réserve. American Economic Journal : Politique économique , vol. 8, non. 1, p. 142-179, 1er février. 2016.

LE BARBANCHON, T.; RATHELOT, R. ; ROULET, A. Différences entre les sexes dans la recherche d'emploi : échanger les déplacements domicile-travail contre le salaire. Le Journal trimestriel d'économie , vol. 136, non. 1, p. 381-426, 22 décembre. 2020.

MAIS, A. ; PALLAIS, A. Valoriser les modalités de travail alternatives. Revue économique américaine , vol. 107, non. 12, p. 3722-3759, 1er décembre. 2017.