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ÉCONOMIE ET ​​GESTION.

COMMENT LES ATTENTES AFFECTENT-ELLES LE CHOIX DES ÉTUDIANTS POUR LES ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ?

08 décembre 2023

Chercheur responsable : Bruno Benevit

Titre original : Choix universitaire : le rôle des gains attendus, des résultats non pécuniaires et des contraintes financières

Auteurs : Adeline Delavande et Basit Zafar

Lieu d'intervention : Pakistan

Taille de l'échantillon : 2 149 étudiants

Secteur : Éducation

Variable d'intérêt principal : Choix de l'établissement d'enseignement

Type d'intervention : Perception à l'égard des universités

Méthodologie : GMM

Résumé

A la fin de l’enseignement secondaire, les jeunes se trouvent confrontés à plusieurs options d’enseignement supérieur. Ce choix est lié au cursus et à l'établissement d'enseignement et peut être influencé à la fois par les attentes et les restrictions du marché et par des aspects non pécuniaires. Cet article a étudié les déterminants qui affectent le choix des étudiants en matière d'établissement d'enseignement supérieur au Pakistan, en examinant des facteurs tels que les rendements monétaires, les rendements non pécuniaires associés aux universités et les contraintes financières. À l'aide d'un modèle de choix scolaire, les estimations tirées de la méthode des moments généralisés (GMM) ont indiqué que les facteurs non pécuniaires, tels que l'idéologie de l'établissement d'enseignement, sont les principaux déterminants de ces choix. Les perspectives du marché du travail ont joué un rôle important, mais peu pertinent.

  1. Problème de politique

Le choix d'un établissement d'enseignement supérieur est une étape cruciale dans la carrière d'un individu, potentiellement influencée par plusieurs facteurs. Chaque étudiant est confronté à une décision unique et hautement personnalisée lorsqu’il choisit l’établissement d’enseignement supérieur qui correspond le mieux à ses besoins et à ses objectifs éducatifs.

Outre les attentes en matière de revenus futurs, qui sont souvent prises en compte sur la base des projections salariales et des opportunités d'emploi associées aux différents programmes et universités, d'importants facteurs subjectifs jouent un rôle crucial (Eisenhauer, Heckman et Mosso, 2015). Des facteurs tels que l'affinité avec la culture et les valeurs de l'établissement, la situation géographique, la qualité du personnel enseignant et la disponibilité de ressources académiques spécifiques peuvent influencer cette décision (Delavande et Zafar, 2019). En ce sens, chaque étudiant considère une combinaison unique de facteurs objectifs et subjectifs pour trouver l'établissement qui correspond le mieux à ses aspirations académiques et personnelles.

  1. Contexte de mise en œuvre des politiques

Enseignement supérieur Le Pakistan abrite un large éventail d'institutions, présentant des similitudes avec le reste de l'Asie du Sud. Les types d'institutions vont des universités publiques et privées aux madrasas, écoles religieuses islamiques que l'on trouve couramment dans la région. Les universités publiques et privées ont leurs propres examens d’entrée, similaires à ceux organisés aux États-Unis et au Brésil. En outre, les universités mènent également des processus d’admission basés sur des examens et/ou des entretiens de l’enseignement secondaire.

La qualité de l'enseignement supérieur dans le pays varie considérablement, certains établissements étant de renommée internationale tandis que d'autres sont confrontés à des défis d'infrastructure et de gouvernance. En ce sens, les universités privées se démarquent, adoptant un style d’enseignement occidental et offrant les meilleurs rendements sur le marché du travail, mais entraînant des coûts élevés pour les étudiants. Les madrassas se trouvent à l'autre pôle, offrant généralement leurs services gratuitement. Les universités islamiques, qui ont tendance à être publiques et accessibles aux couches les plus pauvres de la population, ont des performances intermédiaires. Malgré la diversité des options, le taux de scolarisation des étudiants pakistanais âgés de 17 à 23 ans était de 5,1 % en 2011 (Delavande et Zafar, 2019).

  1. Détails de l'évaluation

Pour collecter des données sur les attentes des étudiants vis-à-vis des établissements d'enseignement, cette étude a mené un questionnaire auprès d'étudiants masculins en âge d'aller à l'université inscrits dans différents collèges de deux centres urbains du Pakistan. Les cinq universités présentées dans le questionnaire représentaient la diversité des établissements d'enseignement supérieur au Pakistan, divisées en : (i) Université très restreinte (UMR), (ii) Université restreinte (UR), (iii) Université islamique (UI), (iv ) Madrassa dans la ville 1 (M1) et Madrassa dans la ville 2 (M2).

Ce questionnaire a été conçu dans le but de comprendre les préférences des étudiants en matière de choix d'universités. Les étudiants se sont vu présenter un scénario hypothétique de sélection d'un établissement d'enseignement supérieur et ont été invités à classer cinq universités existantes en termes de préférence d'inscription. Ces choix ont été faits sous deux conditions distinctes : la première en tenant compte de la situation financière actuelle de l'étudiant (déclarée sous restrictions financières), et la seconde en faisant abstraction des coûts des établissements d'enseignement supérieur (déclarés sans restrictions financières). Cette approche a permis d'isoler les préférences des étudiants au moment de l'enquête, à l'abri des influences extérieures telles que les restrictions financières ou d'autres facteurs.

L'enquête a également collecté des données sur les opinions des étudiants concernant divers résultats scolaires et sur le marché du travail, fournissant des informations sur les perceptions des étudiants concernant les rendements associés aux différents établissements d'enseignement (par rapport aux étudiants eux-mêmes et à la population générale). En outre, le questionnaire a également vérifié les perceptions des étudiants concernant l'acceptation parentale, le risque d'abandon scolaire, l'alignement idéologique, la qualité de l'enseignement et les coûts mensuels d'un établissement d'enseignement donné.

  1. Méthode

Cette étude s'appuie sur un modèle de choix d'école développé par les auteurs, considérant les paramètres de la fonction d'utilité des étudiants, tels que la consommation, l'alignement idéologique, les coûts associés aux cours, les coûts de (possible) changement de ville de l'établissement d'enseignement supérieur, facteurs spécifiques à l’école et probabilités d’obtention d’un diplôme et d’abandon scolaire. Les chocs informationnels postérieurs à l’entrée dans le cours affectent également la probabilité d’abandon. De plus, le modèle prend également en compte la probabilité d'obtenir un emploi dans les deux scénarios de réussite ou d'échec des cours et ses effets sur les attentes subjectives des étudiants concernant leurs revenus futurs (à 30 ans).

Pour estimer les paramètres structurels qui affectent le choix de l'établissement d'enseignement supérieur par les étudiants pakistanais, la procédure de la méthode généralisée des moments (GMM) a été adoptée. Plus précisément, le GMM a considéré l'estimation conjointe de deux régressions : (i) une régression logit multinomiale pour identifier la probabilité de choisir une institution donnée et (ii) une régression logit fractionnaire pour identifier la probabilité d'abandon d'une institution donnée. Les auteurs ont vérifié la validité en observant la différence de résultats entre les sous-échantillons d'étudiants de la première année et des années suivantes.

L'approbation subjective des parents des étudiants par les établissements d'enseignement supérieur a été vérifiée en tenant compte des coûts, du revenu familial, du type d'établissement (Madrassa ou non), de la distance du domicile, du degré de religiosité des étudiants et des attentes concernant le retour sur le marché du travail futur. le cours.

Les auteurs ont effectué des régressions linéaires pour estimer les attentes concernant l’employabilité (conditionnelle au fait d’être diplômé et/ou non diplômé), les rendements pécuniaires (conditionnés au fait d’être diplômé et/ou non diplômé), le niveau de diplôme et l’alignement idéologique. Les modèles ont pris en compte les effets fixes de l'établissement d'enseignement actuel, les effets fixes des établissements d'enseignement jugés dans le questionnaire et l'âge de l'étudiant.

Enfin, l'étude a présenté plusieurs estimations de l'impact de trois simulations politiques : (i) la réduction des restrictions financières, (ii) la disponibilité d'informations sur les rendements de chaque type d'établissement d'enseignement supérieur et (iii) l'homogénéisation idéologique des établissements d'enseignement.

  1. Principaux résultats

Les estimations trouvées indiquent une forte variation dans les croyances des étudiants concernant les résultats considérés entre les différents établissements d'enseignement, ainsi qu'une diversité significative dans les croyances entre les individus au sein de chaque établissement d'enseignement. Les données sur les croyances subjectives offraient une représentation cohérente de cette situation, dans la mesure où les attentes concernant leurs revenus à 30 ans conditionnées aux institutions étaient cohérentes par rapport aux tendances observées dans les données réelles.

En outre, les résultats indiquent que les étudiants ont tendance à choisir les établissements d'enseignement supérieur en fonction de résultats non pécuniaires, tels que l'approbation parentale et l'obtention du diplôme, ce qui implique une valorisation plus élevée des établissements dans lesquels ils étaient inscrits à ce moment-là. De même, les croyances moyennes liées au retrait avaient tendance à être plus faibles pour l’établissement où les étudiants étaient inscrits à ce moment-là.

Concernant les simulations politiques, les résultats ont révélé que la réduction des contraintes financières, en offrant des prêts ou une éducation gratuite, aurait pu bénéficier à environ 60 % des étudiants de l’échantillon, et que près de 20 % auraient choisi un établissement d’enseignement supérieur différent. De tels résultats suggèrent que les contraintes financières jouent un rôle important dans le choix de l’université au Pakistan, où les marchés de crédit efficaces sont rares (Delavande et Zafar, 2019). Concernant les deux autres politiques simulées, les résultats ont mis en évidence la pertinence des facteurs non financiers et la diversité des préférences des étudiants par rapport à l'idéologie spécifique de chaque établissement : toute politique ayant conduit à une standardisation des établissements en termes d'enseignement aurait eu un impact faible et significatif sur les choix d’inscription aurait cependant entraîné une perte de bien-être pour un tiers des étudiants.

  1. Leçons de politique publique

Cet article a étudié le rôle des contraintes financières, des rendements monétaires attendus et des facteurs non pécuniaires associés aux établissements d'enseignement supérieur dans le processus de sélection des étudiants au Pakistan dans les établissements d'enseignement supérieur. Dans ce but, les auteurs ont exploré le contexte de l’enseignement supérieur dans le pays, qui présente une grande hétérogénéité idéologique entre ses universités conventionnelles et ses madrasas.

Les résultats de l'étude démontrent que les contraintes financières jouent un rôle important dans le choix de l'université par les étudiants, car elles sont fortement influencées par l'approbation des parents et les subventions. En ce sens, les politiques de subventions visant à atténuer ces restrictions ont le potentiel d’augmenter le taux d’inscription des étudiants dans des universités à coûts élevés, augmentant ainsi les revenus et augmentant considérablement l’utilité des étudiants qui en bénéficient tout au long de leur vie.

Références

DELAVANDE, A. ; ZAFAR, B. Choix universitaire : le rôle des gains attendus, des résultats non pécuniaires et des contraintes financières. Journal d'économie politique , vol. 127, non. 5, p. 2343-2393, octobre. 2019.

EISENHAUER, P. ; HECKMAN, JJ; MOSSO, S. Estimation des modèles dynamiques de choix discrets par maximum de vraisemblance et méthode des moments simulés. Revue économique internationale , vol. 56, non. 2, p. 331-357, mai 2015.