Chercheur responsable : Angelo Cruz do Nascimento Varella
Le titre de l'article : LIRE LES PETITS CARACTÈRES : DIVULGATION D'INFORMATIONS SUR LE MARCHÉ BRÉSILIEN DES CARTES DE CRÉDIT
Auteurs des articles : Bruno Ferman
Lieu d'intervention : Brésil
Taille de l'échantillon : 19 690 clients de cartes de crédit
Grand sujet : la finance
Type d'intervention : Expérimenter avec les factures de carte de crédit
Variable d'intérêt principal : Choix des modalités de paiement
Méthode d'évaluation : Évaluation expérimentale (ECR)
Problème de politique
Le crédit à la consommation onéreux est un thème récurrent dans la littérature académique, notamment en matière de protection des individus. Un débat particulièrement houleux parmi les chercheurs repose sur l'idée selon laquelle les créanciers cachent délibérément les informations sur les taux d'intérêt appliqués, afin de fausser la compréhension qu'a le client des coûts encourus lors des opérations de crédit. Par conséquent, la fourniture de données sur les taux d’intérêt à la consommation constitue un problème récurrent parmi les régulateurs.
Cependant, malgré la popularité des politiques publiques visant à fournir aux consommateurs des informations fiables sur les taux d’intérêt, il n’existe pas de consensus parmi les universitaires sur l’efficacité de ces mesures. Ce fait est encore plus pertinent dans les pays émergents, où l’accès au crédit peut être restreint et particulièrement coûteux.
Contexte d'évaluation
Au Brésil, entre 2000 et 2010, le volume des crédits accordés aux consommateurs a doublé. Cette expansion a été particulièrement agressive pour les transactions par carte de crédit, qui ont été multipliées par plus de 12 au cours de la même période, malgré le prix élevé facturé, dépassant normalement 10 % par mois. À titre de comparaison, l’inflation annuelle moyenne dans le pays était inférieure à 7 % au cours de la même période.
Cette augmentation est due en partie à l’augmentation de l’offre de crédit aux consommateurs à faible revenu et à la classe moyenne. En particulier, il est devenu plus facile d'obtenir du crédit auprès des sociétés de cartes associées aux magasins de détail, qui limitent souvent l'utilisation des cartes à la consommation dans leurs propres magasins, ou autorisent simplement l'utilisation conventionnelle des cartes achetées par les clients.
Détails de la politique
Au Brésil, il existe deux alternatives courantes au paiement par carte de crédit des clients qui n'ont pas payé l'intégralité de leurs factures. Le particulier peut choisir de rembourser une partie de la dette égale ou supérieure au montant du paiement minimum établi, normalement 15 % du total dû, en transférant le reste sur la facture suivante, avec des intérêts mensuels appliqués de l'ordre de 11,89 % à 15,99%. Une deuxième option consiste à choisir un nombre de mois pour effectuer le paiement en versements fixes. Le côté positif de cette opération est l'octroi de crédit pré-approuvé et la flexibilité pour le client, qui peut continuer à utiliser la carte.
L’expérience s’est déroulée en partenariat avec une grande société de cartes de crédit, comptant plus de cinq millions de clients, issus pour la plupart des classes moyennes et inférieures. 19 690 individus ont été sélectionnés et classés en groupes à propension au risque élevée et moyenne. En moyenne, 30 % des clients ont utilisé l'option de crédit renouvelable et ont payé environ 60 % du montant total, avec une facture moyenne de 661 reais.
Méthode d'évaluation
Au cours des mois de juillet et septembre 2010, l'entreprise a utilisé trois paramètres différents pour différents groupes de clients, afin de valider l'analyse expérimentale :
Tous les paramètres ont été distribués de manière aléatoire, de sorte que chaque consommateur ait la même probabilité de bénéficier de conditions différentes pour rembourser ses dettes. L'objectif de l'étude est d'évaluer les effets sur les décisions de paiement des clients en fonction des différents paramètres présentés.
Principaux résultats
En observant les choix des clients, le chercheur peut constater que les individus ont identifié des informations concernant les taux d'intérêt et ont agi en conséquence, même dans des situations où les données étaient discrètes. Lorsqu'ils sont présentés explicitement, les clients sujets au risque constituent la seule exception, préférant payer des taux d'intérêt plus élevés.
Quelle que soit la méthode de divulgation, environ 2 % des clients ont choisi des forfaits avec des taux d'intérêt d'environ 11,89 % et environ 4 % des consommateurs ont choisi des forfaits avec des taux d'intérêt de 3,99 %. Le résultat suggère que les individus étaient capables de mesurer et de décider de manière adéquate leurs stratégies de paiement, quelle que soit l'exposition des informations sur les frais.
Parmi les clients qui préféraient payer leurs dettes en plusieurs fois, il y avait une nette préférence pour les forfaits plus courts, puisque 53 % des consommateurs préféraient payer en six mois, contre 13 % des particuliers ayant choisi l'option sur 12 mois. Il convient toutefois de noter que les résultats changent selon les options proposées. Même si vous pouviez choisir n'importe quelle période pour le plan de versement, l'option pour les plans plus longs est passée de 16 % à 56 % lorsque les plans plus courts n'étaient pas affichés comme options préétablies.
Leçons de politique publique
Contribuant au débat sur les politiques publiques de protection des consommateurs, l'étude démontre qu'en moyenne, les individus sont capables d'envisager leurs alternatives de paiement, même lorsque les informations sur les taux d'intérêt ne figurent pas sur leurs factures. Cela indique que les recherches antérieures qui ont guidé le débat sur la création d'une législation protectrice ont peut-être été erronées, de sorte que la protection des consommateurs devrait être orientée vers d'autres aspects de la politique d'octroi du crédit.
Référence
FERMAN, Bruno. Lecture des petits caractères : Divulgation d'informations sur le marché brésilien des cartes de crédit. Sciences de gestion, vol. 62, non. 12, p. 3534-3548, 2016.