Chercheuse responsable : Viviane Pires Ribeiro
Titre de l’article : Dénoncer les politiciens corrompus réduit-il la corruption ?
Auteurs de l'article : Gustavo J. Bobonis, Luis R. Cámara Fuertes et Rainer Schwabe
Lieu d'intervention : Porto Rico
Taille de l'échantillon : rapports d'audit municipaux au cours de la période 1987-2006
Secteur : Économie politique et gouvernance
Type d'intervention : Effets de la divulgation de pratiques de corruption
Variable d'intérêt principal : Corruption
Méthode d'évaluation : Autres - Modèle d'agence politique
Contexte d'évaluation
Dans une démocratie représentative qui fonctionne bien, les citoyens doivent choisir des hommes politiques compétents pour gérer les affaires publiques et les tenir responsables de leur performance. Une condition préalable à la réalisation de ces objectifs d’un gouvernement démocratique est que les citoyens aient accès à des informations adéquates sur le caractère, les capacités et les performances des candidats lorsqu’ils exercent des fonctions publiques.
Un nombre croissant d'études reconnaissent la nécessité pour les électeurs d'accéder à l'information pour évaluer la performance des hommes politiques. La divulgation d’informations politiques peut améliorer la réactivité du gouvernement, réduire les pratiques de corruption, réduire la recherche de rente (comportement politique en quête de revenus ou de privilèges spéciaux), accroître les responsabilités électorales et améliorer le bien-être social.
Détails de l'intervention
Bobonis et coll. (2010) étudient les effets de la divulgation des pratiques de corruption des administrations locales sur les niveaux de corruption à long terme au sein des administrations municipales. Selon les auteurs, ce travail surmonte les limites précédentes, en utilisant les données d'un scénario unique : les rapports d'audit sur les activités du gouvernement municipal réalisés régulièrement à Porto Rico. Le gouvernement de Porto Rico a mis en place un mécanisme systématique pour mener des audits des administrations municipales, dont les résultats ont été rendus publics et diffusés aux médias.
Plus précisément, les auteurs utilisent un ensemble de données longitudinales uniques sur les résultats de la corruption, construits à partir de rapports d'audit des municipalités au cours de la période 1987-2006, dans le but de comparer (i) les niveaux de corruption à court terme des municipalités auditées avant et après chaque élection, comme ainsi que (ii) les niveaux ultérieurs de corruption signalés dans les audits et autres résultats municipaux.
Détails de la méthodologie
Pour effectuer l'analyse, Bobonis et al. (2010) ont utilisé un modèle simple d’agence politique, dans lequel les électeurs sont en mesure de décider de la réélection d’un homme politique sortant, mais ne sont pas en mesure d’observer le degré de compétence et les actions d’un tel homme politique. Dans ce modèle, si les électeurs réélisent les maires sur la base de leurs performances et de leur réputation dans la fonction publique, un maire dont la réputation a été améliorée dans le passé peut exploiter cette asymétrie d'information pour s'engager plus tard dans des activités spéciales de recherche de privilèges, laissant les électeurs indifférents entre les élections. -élection et élire un candidat inexpérimenté. Compte tenu de ces incitations perverses en matière de réputation, le modèle prédit que les maires réélus qui se sont abstenus de toute activité de recherche de privilèges particuliers dans le passé pourraient, en moyenne, être plus corrompus à l’avenir que les autres maires.
Résultats
Les résultats confirment les preuves antérieures selon lesquelles les audits réduisent les niveaux de corruption municipale, ce qui concorde avec le fait que les audits ont un effet disciplinaire substantiel à court terme dans la municipalité. Les données montrent que la publication des informations d'audit entraîne une amélioration de la responsabilité électorale, réduisant les taux de réélection des maires sortants de 7 points de pourcentage (25%) dans les municipalités où la corruption a été signalée, ainsi qu'une réduction de 14 points de pourcentage des cas. dans lequel deux corruptions (ou plus) ont été signalées.
Contrairement à ces effets à court terme des audits précédemment identifiés, les niveaux de corruption municipaux observables lors de l'audit ultérieur sont 22 % d'un écart-type plus élevés dans les municipalités auditées avant l'élection précédente que dans celles dont les rapports ont été diffusés après l'élection précédente. En outre, les effets de la recherche de privilèges spéciaux sont concentrés dans les municipalités dont les maires sortants se sont abstenus de toute activité de « recherche de rente » lors du premier audit. Les estimations indiquent que les activités de recherche de privilèges spéciaux ont augmenté de 0,55 à 1 écart-type parmi les municipalités ayant obtenu des résultats favorables lors de l'audit précédent, alors qu'il n'y a aucun changement perceptible dans la corruption dans les municipalités dont les maires sortants auraient été impliqués dans des affaires de corruption lors de l'audit précédent. premier cas. Les résultats fournissent un soutien empirique à l'argument selon lequel les politiques de divulgation d'informations à court terme n'alignent pas nécessairement les actions des politiciens avec les préférences à long terme des électeurs.
Leçons de politique publique
L'étude réalisée par Bobonis et al. (2010) contribue à la littérature empirique croissante en indiquant que la publication pré-électorale des rapports d’audit a conduit à des réductions significatives à court terme des niveaux de corruption municipale et à une augmentation de la responsabilité électorale du maire sortant. Cependant, les niveaux de corruption municipale au cours des législatures suivantes sont plus élevés dans les municipalités auditées avant les élections précédentes et ceux-ci sont concentrés parmi les municipalités qui se sont abstenues de mener des activités de recherche de privilèges particuliers lors du premier audit.
Par conséquent, l’analyse met en évidence le rôle de la divulgation d’informations dans l’amélioration de la responsabilité politique à court terme et les conséquences négatives plausibles sur le comportement politique à long terme. En particulier, l’étude appuie empiriquement l’argument selon lequel, même si les politiques de divulgation d’informations peuvent conduire à un plus grand bien-être social à court terme, elles n’alignent pas nécessairement les actions des politiciens sur les préférences des électeurs à long terme.
Références
Bobonis, GJ, Fuertes, LRC et Schwabe, R. (2010). Dénoncer les politiciens corrompus réduit-il la corruption ?. Article non publié, Université de Toronto.