Chercheur responsable : Angelo Cruz do Nascimento Varella
Le titre de l’article : QUE SE PASSE-T-IL QUAND UNE FEMME GAGNE UNE ÉLECTION ? PREUVE DES COURSES PROCHES AU BRÉSIL
Auteurs de l’article : Fernanda Brrollo et Ugo Troiano
Lieu d'intervention : Brésil
Taille de l'échantillon : 723 courses à la mairie municipale
Grand thème : Genre
Type d'intervention : Comparaison statistique des niveaux de corruption entre maires hommes et femmes
Principale variable d'intérêt : niveaux de corruption
Méthode d'évaluation : Évaluation expérimentale (ECR)
Problème de politique
La corruption politique est un problème majeur au Brésil et dans le monde. Son apparition génère des inefficacités dans l’allocation des ressources publiques et provoque des problèmes socio-économiques dans toutes les couches de la société. Pour le combattre, les chercheurs et les professionnels utilisent les connaissances techniques et la recherche empirique comme des outils puissants qui soutiennent les décisions de politique publique visant à atténuer cet obstacle important.
Ce texte traite d'une de ces études empiriques, de renommée internationale, qui cherche à évaluer la différence entre les hommes et les femmes dans les pratiques de corruption politique. Dans l'analyse, plusieurs aspects de ce problème très complexe sont considérés, dans le but de comparer les actes de corruption entre maires hommes et femmes des municipalités brésiliennes, ainsi que de définir quelles caractéristiques sont les plus communes aux différents sexes.
Contexte d'évaluation
En général, les études empiriques indiquent que la corruption politique est moindre lorsque les femmes sont au pouvoir, tout comme ces représentantes ont tendance à prendre des décisions davantage axées sur l’amélioration du bien-être social. Afin d'enquêter sur ces déclarations, les chercheurs ont utilisé les données d'une initiative brésilienne pertinente pour lutter contre la corruption : les audits publics municipaux aléatoires. Mis en œuvre en 2003, le Programme d'inspection des tirages publics du Contrôleur général de l'Union (CGU) a effectué des analyses des comptes publics des municipalités brésiliennes en utilisant un système de loterie, dans le but d'évaluer les comptes publics et d'enquêter sur l'existence d'actes de corruption ou d'actes de corruption. allocation indue des ressources dans les administrations municipales.
En plus d'analyser les comptes publics des municipalités, la recherche a également pris en compte d'autres facteurs normalement associés à la corruption politique, en comparant les résultats entre hommes et femmes dans des situations similaires. Des facteurs tels que l'utilisation de postes commandés, les contributions à la campagne, la probabilité de réélection et l'allocation de fonds publics ont également été pris en compte, construisant une analyse solide des différences entre les sexes dans le contexte politique des mairies brésiliennes.
Détails de la politique
Pour comparer les différences entre les sexes dans la direction municipale, les auteurs ont utilisé plusieurs bases de données intégrées dans un test statistique appelé régression discontinue. L’objectif est de contrôler le scénario politique brésilien complexe afin de caractériser une comparaison équitable.
Les analyses portent sur deux élections de maires dans des communes de moins de 200 mille habitants, couvrant les mandats de 2001 à 2004 et de 2005 à 2008. Toutes les informations concernant les élections, ainsi que les informations relatives aux candidats, proviennent du Tribunal Electoral Supérieur. (EST). Les données sur la corruption ont été collectées à partir des 33 premiers rapports du programme CGU, qui caractérisent quatre types de corruption politique au sein du pouvoir municipal :
Les rapports couvrent la période de mai 2003 à juillet 2010. D'autres données complémentaires pour la même période sont collectées auprès de l'Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE), du Trésor national, du ministère de l'Éducation et du ministère de la Santé.
Méthode d'évaluation
À partir des données collectées, les chercheurs ont sélectionné les courses électorales dans lesquelles un homme concourait contre une femme, en corrélant ces contestations avec des données complémentaires. Sur un total de 5 567 municipalités, seules 723 élections, entre 2000 et 2004, ont été prises en compte pour l'analyse, ce qui représente 7 % du total. Il convient de noter que parmi ces municipalités sélectionnées, seules 161 ont été sélectionnées pour des audits au cours de la période analysée, ce qui caractérise l'échantillon contenant des informations sur la corruption politique. D’autres informations supplémentaires incluent :
- Des données sur les quatre types d'actes de corruption ;
- Caractéristiques socio-économiques des communes ;
- Caractéristiques individuelles des candidats élus ;
- Conditions et nombre d'agents publics dans les mairies ;
- Contributions à la campagne ;
- Si vous êtes candidat à une réélection ou si vous avez déjà été candidat ;
- Informations sur les contributions à la campagne ;
- Données sur les taux de natalité dans les communes ;
- Données éducatives dans les communes.
Principaux résultats
Les résultats observés collaborent avec les conclusions empiriques d'autres auteurs, tels que les candidats élus ont été impliqués dans moins d'actes de corruption, en plus de consacrer plus de ressources à l'augmentation du bien-être social. Il convient de noter que parmi les courses électorales analysées, 407 maires et 316 maires ont été élus, ce qui représente un pourcentage de 56% d'hommes contre 44% de femmes.
Concernant les résultats de la corruption politique, la probabilité que les candidates élues commettent l'un des actes de corruption répertoriés dans les rapports du CGU est de 29 à 35 points de pourcentage inférieure à celle des candidats masculins. Concernant les contributions de campagne, les femmes maires attirent entre 30 % et 55 % moins de fonds privés (qui étaient légaux lors des élections analysées) que les candidats masculins. Les auteurs soulignent le fait qu’il existe un consensus dans la littérature selon lequel les contributions privées sont régulièrement associées au fait de favoriser les entreprises contributrices, ce qui corrobore l’hypothèse selon laquelle les femmes participent à une proportion considérablement plus faible d’actes de corruption couramment pratiqués dans la politique brésilienne. Il existe également d’autres explications possibles, comme le machisme de la part des donateurs ou une plus grande capacité d’expression politique de la part des hommes.
Un autre facteur associé aux pratiques de corruption concerne les postes temporaires, qui sont utilisés par des individus corrompus pour échanger des faveurs politiques. Les maires ont analysé les embauches, via des postes commandés, d'environ 64 personnes de moins que les maires hommes, ce qui représente 52% du nombre total d'embauches effectuées par des hommes. Les années électorales, cette différence s'élève à 80 postes. De plus, même si la probabilité d’être réélu est la même, la probabilité d’être réélu est inférieure de 20 points de pourcentage à celle des maires.
Par rapport aux autres informations analysées, les maires ont tendance à attirer, en moyenne, 60 % de revenus supplémentaires auprès des agences étatiques et fédérales pour investir dans leurs municipalités. En outre, les municipalités dirigées par des femmes ont de meilleurs taux en matière de soins prénatals, d'accouchements normaux et d'infrastructures scolaires, ce qui corrobore également d'autres études empiriques démontrant que les femmes dirigeantes fournissent de meilleurs biens publics et augmentent le bien-être social.
Leçons de politique publique
Il existe un vaste débat dans la littérature universitaire sur les différences liées au genre en politique. Dans ce texte, ainsi que dans d'autres recherches, les femmes dirigeantes présentent des niveaux plus faibles de corruption politique, ainsi que des preuves qui s'opposent à la perpétuation d'actes de corruption, tels que les dons privés aux campagnes électorales et l'embauche excessive de postes temporaires, en particulier dans années avec des élections. En revanche, la probabilité qu'un maire soit élu est plus faible que celle des maires, même dans des conditions similaires, ce qui indique que de tels actes inappropriés peuvent affecter les campagnes municipales au Brésil.
Il y a beaucoup à discuter sur le sujet, il est donc possible que les caractéristiques sociales brésiliennes représentent des facteurs influents expliquant ces résultats. Il convient toutefois de noter que les chercheurs effectuent des tests parallèles afin d'atténuer de telles possibilités, donnant ainsi de la robustesse aux résultats présentés dans ce texte. En raison des caractéristiques nécessaires à la représentation, les candidatures des femmes à des postes de pouvoir public doivent être encouragées, ainsi que le contrôle des résultats doit être constant, afin de collaborer au débat sur le sujet et permettre les meilleures conditions possibles pour la politique nationale.
Référence
BROLLO, Fernanda; TROIANO, Ugo. Que se passe-t-il lorsqu’une femme remporte une élection ? Preuve de courses serrées au Brésil. Journal de l'économie du développement, vol. 122, p. 28-45, 2016.